Il y a des jours comme celui-ci où les mauvais souvenirs refont surface. Pourquoi ce jour-là précisément ? On ne parvient pas à en définir la raison alors on lâche prise et on ose se dire que c’est ainsi, qu’on n’y peut rien et qu’il va falloir faire avec. Ce jour-là, mon passé m’a frappé en pleine face. Une de mes tantes, Donatella Von Edelstein – il s’agit de la Comtesse de Stuttgart – a foulé le sol de Rosewood. Que faisait-elle ici ? Elle est simplement venue pour voir ma cousine. Elle, elle avait le droit de venir ici car on n’avait pas cherché à l’évincer. Elle, elle risquait fort d’accéder au trône de Bavière et je dois avouer que ça me bouffait. Elle m’avait piquée ma place même si elle n’avait rien fait directement. L’ayant croisée le matin, j’avais besoin de parler avec Ezekiel. Il était le seul à qui j’avais parlé de l’acte de ma famille et je comptais bien que ça reste ainsi. A la fin du cours de Français, je lui pris le bras pour lui parler quelques secondes à part. Je l’entraînais un peu plus loin au coin d’une rangée de casiers de manière à ce qu’on ne nous entende pas. J’aurais besoin de te parler ce soir, Eze… Il me regarda avec de gros yeux. En effet, il était rare qu’on se donne rendez-vous pour se voir. A vrai dire, on était toujours certain que l’autre serait là en quelque sorte mais là, j’avais vraiment besoin d’être certaine qu’il se pointerait. D’accord, si tu veux. Je m’apprêtai à partir lorsqu’il me rattrapa calmement par le bras. Dis-moi, ce n’est pas trop grave hein ? Je lui souris, Ezekiel qui s’inquiétait et qui le montrait « WOW ». Non, ne t’inquiète pas. Allez, on ferait mieux de revenir à la vue des autres sinon ils vont s’imaginer que tu m’as sautée dessus. Il soupira légèrement. Comme si ce ne pouvait pas être toi… Je ne pus m’empêcher de pouffer de rire. Je sortis de ce petit recoin alors que certains étaient restés plantés devant la salle en regardant en notre direction. Ils avaient probablement envie de voir combien de temps on allait passer là-bas et si on allait avoir l’air débraillé ou non. Futur monarque ou pas, ils étaient aussi curieux que de simples citoyens.

Après une journée de cours et un repas effroyable au réfectoire de l’école, l’heure de rejoindre Ezekiel était arrivé. Nous avions l’habitude de se rejoindre à vingt-deux heures mais on ne fixait jamais vraiment de lieu. On finissait toujours par se trouver, il suffisait de regarder à chacune de nos planques, tout simplement. Vêtue d’un jean noir et d’un haut noir pailleté au léger décolleté, je quittai ma chambre en ayant prévenue ma colocataire, Perséphone. Elle avait encore fait une blague sur Ezekiel et moi mais j’avais préféré ne pas relever. LA tenue noire, c’était pour être un peu moins repérable. Je ne faisais jamais cet effort les autres jours mais là, j’avais envie de me taper un petit trip. Je marchai à pas légers dans le couloir menant aux chambres. Je parvins à quitter le Pavillon Solaire sans me faire remarquer. Il restait à entrer dans l’enceinte du bâtiment scolaire à proprement parlé ce qui était un peu plus compliqué. Toutefois, j’eus de la chance et la porte du hall s’ouvrit immédiatement. Le concierge avait du oublier de la verrouiller aujourd’hui. Arrivant au pied de l’escalier, je mis un moment à remarquer que la personne y siégeant était Ezekiel. Bordel, j’ai eu peur que ce soit un pion ou un professeur… On reste là ou on bouge ?